Vous vous êtes enfin décidées, vous allez enseigner en ligne. Qu’il s’agisse de s’inscrire sur une plateforme comme Preply, de sous-traiter pour un centre de formation proposant des cours en ligne, ou de vous lancer dans l’entreprenariat, l’enseignement en ligne sera différent des cours que vous animez en présentiel.
Dans cet article, je vous propose d’aborder les différentes dimensions de l’organisation du cours en ligne au travers de 4 parties. Nous partirons de l’organisation matérielle pour nous pencher sur l’organisation temporelle dans un second temps. La troisième partie abordera l’organisation de la classe virtuelle et la dernière, l’organisation de la préparation des cours en ligne.
Vous voici armées de quelques pistes pour mettre en place vos cours en ligne. A vous de jouer !
article publié le 24 janvier 2021 et mis à jour le 28 octobre 2022
Qu’il s’agisse de cours de français sur objectif, de français de spécialité ou encore de travailler sur le développement de compétences interculturelles, l’analyse de l’activité, des tâches et des comportements, en amont de la conception des parcours de formation, est fondamentale.
En effet, le contenu ne pourra être pertinent et les résultats de l’apprentissage opérationnels que s’ils répondent aux besoins spécifiques des apprenants dans le contexte de leur exercice professionnel.
Pour analyser l’activité, les tâches et les comportements à adopter dans une situation de travail particulière, plusieurs approches s’offrent à l’ingénieur pédagogique.
Tout d’abord, les entretiens avec les futurs apprenants peuvent porter sur la thématique : la mécanique, la chirurgie, la cuisine, la finance, etc… Cette approche permet essentiellement à l’ingénieur pédagogique ou au concepteur de formation de prendre connaissance du domaine professionnel de l’apprenant, dont il est souvent éloigné, qui lui est peut-être inconnu.
Une seconde approche est l’analyse procédurale. Il s’agit ici d’identifier les tâches et étapes nécessaires à la réalisation de celles-ci. Cette analyse permet de prendre connaissance de ce que fait l’apprenant, des différentes étapes, des compétences nécessaires pour réaliser les actions.
Cependant, si ces deux premières approches sont essentielles à la collecte d’informations et de matériel pour la conception de parcours pédagogiques, Elles sont insuffisantes pour comprendre ce qui se joue au niveau des représentations, des attitudes déterminées culturellement et des comportements.
La méthode des incidents critiques apporte alors une technique permettant aux ingénieurs pédagogiques d’appréhender la dimension comportementale, mais elle est aussi transposable au niveau de l’animation de formation. A ce niveau, elle permet aux apprenants de prendre conscience des différences culturelles pouvant être à l’origine de conflits (exprimés ou non), des attitudes adoptées face à un problème, en situation de travail, dans le but de proposer des solutions de manière individuelle ou collective.
Cette méthode a tout d’abord été décrite par John C. Flanagan en 1954 dans le Psychological Bulletin. Elle a, en premier lieu, été utilisée pour comprendre les facteurs de risques associés à une situation de travail, ou encore les exigences d’une fonction, afin de proposer des mesures correctives. Par la suite, elle a évolué vers une démarche permettant d’améliorer la compréhension de constructions psychosociales issues de l’expérience de différents acteurs. Ainsi, elle a pu être employée lors de formations interculturelles, de formations de gestion, de formations à la gestion du stress, et elle a également été utilisée dans les domaines du marketing, de la relation client ou du recrutement.
Pour ce qui est des formations, cette méthode est particulièrement adaptée au travail de groupe car elle permet de confronter les croyances et représentations de chaque individu dans le cadre d’une démarche réflexive. Au-delà, la méthode peut conduire à la co-construction de nouveaux référentiels et de nouvelles compétences.
Comment créer une séquence pédagogique à partir de cette méthode?
La séquence présentée ci-dessous vise à illustrer les étapes clés de la méthode des incidents critiques.
Cette séquence vise à développer des compétences interculturelles chez des médecins étrangers intervenant en secteur hospitalier. Afin de mettre en place cette séquence, nous avons choisi de partir d’un document déclencheur, une vidéo pédagogique diffusée sur la chaîne Youtube de la Haute Autorité de Santé : annonce d’un dommage associé aux soins, disponible à l’adresse suivante : https://youtu.be/UOs9XyCFkcA .
La situation choisie est par conséquent volontairement problématique et vise à travailler sur la dimension éthique de la communication, les valeurs telles que la transparence et la coopération ainsi que l’empathie.
La méthode des incidents critiques apparaît tout d’abord utile pour comprendre les comportements professionnels, les attitudes et les agir, dans une situation donnée. Dans le cadre de formations professionnelles, elle apporte une démarche dont l’objectif est de modifier les pratiques, en proposant un développement de la réflexion des apprenants sur leurs représentations, leurs ressentis, leurs pratiques et leurs façons de penser. Dans le cadre de la didactique des langues, cette méthode permet d’amener l’apprenant à prendre du recul sur ses représentations, ses valeurs, ses façons d’agir afin de mettre en place des stratégies d’adaptation aux nouvelles situations culturelles auxquelles il est confronté.
article publié le 5 décembre 2020 et modifié le 18 octobre 2022
Dans leur ouvrage Apprentissage inversé, Sam et Bergmann, les précurseurs de la classe inversée, définissent l’apprentissage inversé comme :«une approche pédagogique dans laquelle l’enseignement direct se déplace de l’espace d’apprentissage d’un groupe pour occuper celui d’un individu. La résultante de cette mutation est la conversion de l’espace de groupe en une zone pédagogique dynamique et interactive ou l’enseignant guide ses élèves dans l’intégration des concepts et dans l’engagement de leur créativité au service de l’apprentissage. »
L’apprentissage inversé implique par conséquent une préparation de la phase en autonomie, afin de ne pas laisser l’étudiant seul, mais de le guider dans une première étape d’autoformation.
Les limites de cette démarche sont liées à l’outil. En effet, pouvoir créer des exercices interactifs en ligne offre la possibilité d’une évaluation formative à l’étudiant lors de l’apprentissage à l’extérieur de la classe. Cependant, l’enseignant peut n’avoir qu’un drive sur lequel déposer des ressources et quelques Google forms pour créer des questionnaires dans le cadre de l’évaluation formative.
Pour ce qui est de l’apprentissage d’une langue, l’évaluation formative trouve sa place également lors de la phase synchrone d’échange avec l’enseignant. Il peut s’agir d’évaluer la prononciation, l’expression orale, mais cela peut aussi donner lieu à la correction des écrits.
Quel intérêt dans le cadre du cours de FOS?
Les cours de FOS sont des cours destinés à des publics spécifiques exprimant des besoins particuliers. Le FOS se distingue du Français langue professionnelle (FLP) dans le sens où il découle d’une analyse de besoins spécifiques.
Cette approche dans le cadre de la classe inversée permet de situer l’étudiant dans un contexte très proche d’une véritable situation de travail. En effet, la phase de travail en autonomie replace l’étudiant dans une situation qu’il peut réellement vivre en contexte professionnel. Dans cette optique, les activités proposées s’inscrivent dans le cadre des pédagogies actives, et en particulier de la pédagogie par projet. Cette approche permet de proposer des activités dans le cadre d’une perspective actionnelle afin de favoriser le transfert des compétences acquises en situation de travail à la suite de la formation.
Une séance en apprentissage inversé pour un commercial de niveau B1
Nous avons proposé à un étudiant, commercial pour une entreprise industrielle, de travailler sur la présentation de sa société dans le cadre de participation à des salons en France. L’objectif de son travail en autonomie étant de participer à une simulation durant la phase synchrone du cours.
Le travail préparatoire durant la phase asynchrone consiste à acquérir du vocabulaire et des structures propres au pitch commercial afin de pouvoir produire un discours commercial de présentation de son entreprise. Enfin, l’objectif professionnel est de pouvoir réutiliser le vocabulaire, les structures étudiées et les techniques de prise de parole en contexte professionnel.
Après cette séance, j’ai interrogé l’étudiant pour savoir ce qu’il pensait de cette approche. Comme plusieurs étudiants à qui j’ai posé cette question « l’utilité » professionnelle était le principal argument de satisfaction. Cette utilité donne tout son sens à la démarche qui vise à développer des compétences réutilisables en situations professionnelles.
Au terme de cet article, il apparait que la démarche de la classe inversée en FOS permet d’inscrire l’apprentissage dans une perspective actionnelle, et d’offrir l’opportunité à l’apprenant de mettre en pratique les savoir-faire langagiers dans un cadre au plus proche de la réalité des situations professionnelles qu’il pourrait vivre. L’accès à l’implicite et au contexte interculturel est favorisé par l’accès à des contenus authentiques ciblés en fonction des besoins spécifiques des apprenants. Enfin, la classe inversée est l’occasion, pour l’apprenant, de mettre en œuvre des habiletés transposables en situation de travail grâce au développement de stratégies métacognitives dans le cadre de son apprentissage.
Publié le 16 octobre 2020 et modifié le 28 octobre 2022
Businessmen and businesswoman talking at desktop vector illustration. Online training, distance learning, e-learning. Online courses concept. Can be used for landing pages, presentations, layouts
Les métiers de la finance ont fortement évolué au cours des dernières décennies. En effet la finance s’est digitalisée et a vu apparaître des plateformes permettant d’accélérer les échanges entre les investisseurs et les sociétés en recherche de capitaux. Par ailleurs, la digitalisation permet également de désintermédier les échanges de capitaux au niveau mondial. Et, afin d’être compétitives, les entreprises multinationales doivent internationaliser leurs équipes.
L’anglais apparaît alors comme la lingua franca de ce secteur professionnel. Cependant, pour certains profils, la maîtrise de la langue française est nécessaire, et apparaît dans les critères de recrutement de certaines offres d’emplois, celles de profils en contact avec la clientèle francophone, en particulier.
La création d’une formation de français destinée à des product marketing managers dans un cadre professionnel déterminé relève alors du français sur objectif spécifique, c’est-à-dire d’une approche sur mesure. Avant de passer à la conception de la formation, il faudra réaliser un audit linguistique, autrement dit, il faudra déterminer les objectifs linguistiques précis à partir de l’analyse de documents et d’entretiens menés au sein de l’entreprise.
L’analyse des besoins dans le cadre de la conception d’un programme de français sur objectif spécifique s’appuie sur le recensement des situations de communication auxquelles sera confronté l’apprenant dans le cadre professionnel mais doit également tenir compte des besoins en termes culturels. Car les éléments culturels « jouent un rôle important dans l’organisation des institutions et des relations entre les individus, tant sur le plan comportemental que langagier » (Mangiante, Parpette, 2017).
Outre le relevé d’indices concernant l’activité professionnelle à travers l’examen des offres d’emplois, fiches métiers ou vidéos présentant la profession, il est également nécessaire de mener une enquête auprès des commanditaires de la formation et des apprenants.
En effet, l’enquête sur le terrain permettra de préciser les besoins. Mais il n’est pas surprenant que les besoins exprimés par les services formation ou RH des entreprises diffèrent parfois de ceux exprimés par les apprenants, ces derniers accordant une importance particulière aux échanges informels et à la dimension culturelle en entreprise.
Ainsi, on ne peut limiter la communication en entreprise à la communication procédurale ou technique, et le programme de FOS devra en tenir compte. La communication, notamment orale, participe de la construction d’une identité organisationnelle. Aussi, lorsque le bureau ou l’entreprise est situé dans un pays francophone, la localisation va jouer un rôle dans la construction d’identités organisationnelles. L’entreprise est également le lieu d’échanges informels qu’il faudra prendre en compte dans la réalisation de la formation.
L’analyse des besoins
L’analyse des besoins des product marketing managers a été menée en deux temps.
Tout d’abord, il a fallu recueillir toutes les informations pertinentes permettant de connaître les situations de communication dans lesquelles pouvaient se trouver les salariés : analyse des fiches de postes ou de référentiels emplois et relevé des tâches impliquant l’usage de la langue à l’écrit et à l’oral.
Cette première étape a été complétée par des entretiens avec les futurs apprenants. ela n’est pas toujours possible avant la formation mais les entretiens en cours de formation permettent également de préciser les besoins. Ces échanges ont permis de relever un grand nombre d’informations permettant d’affiner la formulation des objectifs pédagogiques.
Pour mener l’entretien téléphonique, j’ai créé un questionnaire recensant les questions récurrentes. Aux différents points listés, peuvent s’ajouter d’autres questions en fonction de la situation particulière de l’apprenant.
A l’issue de l’analyse des données recueillies, on peut élaborer une synthèse des objectifs professionnels nécessitant l’usage de la langue française et créer un référentiel des compétences linguistiques et culturelles afin de bâtir le programme de formation.
Suite à cette analyse, nous avons décidé de bâtir un programme en partant d’une situation de départ et en donnant le rôle de product marketing manager à l’apprenant. Dans le cadre d’une simulation faisant intervenir plusieurs apprenants, d’autres rôles peuvent être créés afin de favoriser les interactions entre pairs.
Ce programme est destiné à être utilisé dans le cadre d’un cours en classe inversée où les apprenants mettront en oeuvre essentiellement l’expression et la compréhension orale durant la phase avec le formateur. Chaque séance avec le formateur est prévue pour durer une heure. La durée de la phase asynchrone située en amont de la phase en présentielle est prévue pour durer également une heure.
La mise en place d’un programme de français sur objectif spécifique n’est pas figée. En effet, les besoins de l’apprenant peuvent évoluer au fil de l’avancée des cours et il faudra alors intégrer ou retirer certains points, tant au niveau linguistique que culturel.
Pour aller plus loin :
CARRAS Catherine, TOLAS Jacqueline, KOHLER Patricia, et al. Le français sur objectifs spécifiques et la classe de langue CLE international/Paris, 2007, 207 p.
MANGIANTE Jean-Marc, PARPETTE Chantal Le français sur objectif spécifique : de l’analyse des besoins à l’élaboration d’un cours Hachette FLE/Vanves, 2004, 160 p.
article du 18 août 2020 modifié le 28 octobre 2022
Que l’on adopte le rôle du concepteur, de l’animateur, du formateur ou de l’apprenant, le cours de langue, plus que toute autre formation professionnelle est l’occasion de mettre en œuvre la créativité.
Mais qu’entend-on par créativité?
Dans son ouvrage Psychologie de la créativité, Todd Lubart propose une définition consensuelle : « La créativité est la capacité à réaliser une production qui soit à la fois nouvelle et adaptée au contexte dans lequel elle se manifeste ».
Si l’on transpose au niveau des concepteurs pédagogiques, des formateurs et des enseignants, c’est l’opportunité de produire des dispositifs innovants permettant de répondre à un nouveau contexte d’enseignement, à un public particulier, à un besoin spécifique. Pour les apprenants, la créativité est la capacité à produire des discours, à réaliser des tâches dans une langue et une culture nouvelles.
Et qu’est-ce qu’une simulation globale?
« Une simulation globale est un protocole ou un scénario cadre qui permet à un groupe d’apprenants (…) de créer un univers de référence, un immeuble, un village, une île, un cirque, de l’animer de personnages en interaction et d’y simuler toutes les fonctions du langage que ce cadre, qui est à la fois un lieu thème de référence et un univers de discours, est susceptible de requérir. » (Francis Debyser, L’immeuble, 1986).
La simulation globale permet ainsi la co-construction d’un univers, d’identités et d’interactions langagières par le formateur et l’apprenant. Son fonctionnement, basé sur la communication au sein d’interactions variées donne la possibilité de mettre en pratique la langue orale et langage écrit, dans des situations informelles ou professionnelles.
En outre, l’apprenant devra mobiliser des compétences transversales comme les compétences émotionnelles, l’empathie ou la créativité qui sont prises en compte au même titre que les compétences langagières. Cela implique une part d’inattendu car certaines étapes de la planification doivent laisser place aux propositions des apprenants, et une capacité à accueillir le changement et l’imprévu comme ressources didactiques.
Mais concrètement, ça donne quoi?
J’ai mis en pratique plusieurs simulations globales à des niveaux débutants et avancés, pour l’apprentissage du français langue maternelle, langue étrangère ou dans le cadre de l’apprentissage de l’anglais de l’hôtellerie.
Vous trouverez ici le canevas d’une simulation globale pour une formation « améliorer ses écrits professionnels » destinés à des apprenants de français langue maternelle dans un cadre professionnel sur 2 jours.
Commentaires récents