Comment s’y retrouver et faire les bons choix pour vos formations pro ?
XR, VR, AR… Le jargon donne souvent le vertige. Et pourtant, ces technologies immersives s’invitent de plus en plus dans les plans de formation. Faut-il investir ? Pour quels usages ?
Je vous propose un guide simple et surtout pratique, avec des cas d’application.
Démystifions la galaxie XR : un guide simple pour s’y retrouver
XR (Extended Reality) est un terme générique qui englobe toutes les technologies immersives. Pensez-y comme à un parapluie sous lequel se nichent la réalité virtuelle, la réalité augmentée et la réalité mixte.
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Réalité Virtuelle (VR)
C’est la plus connue. La VR vous immerge totalement dans un environnement numérique, coupant le lien avec le monde réel. Imaginez-vous en train de piloter un avion ou de visiter un site historique à l’autre bout du monde, sans bouger de votre canapé. Les casques VR, comme le Meta Quest, sont les outils typiques de cette immersion. L’objectif est de créer un sentiment de « présence », c’est-à-dire de se sentir réellement « là-bas” ou de sentir le mouvement de vitesse en regardant le paysage à travers la vitre d’un train.
Réalité Augmentée (AR)
L’AR superpose des éléments numériques au monde réel. Votre environnement physique reste visible, mais il est enrichi d’informations virtuelles. Pensez aux filtres Snapchat ou à des applications qui vous permettent de visualiser un meuble dans votre salon avant de l’acheter. En formation, cela peut se traduire par des instructions de montage affichées directement sur une machine réelle.
Réalité Mixte (RM ou MR)
C’est le petit dernier, et souvent le plus « mystérieux ». La RM fusionne le monde réel et le monde virtuel, permettant aux objets numériques d’interagir avec l’environnement physique en temps réel. Imaginez un hologramme 3D d’un moteur flottant devant vous, que vous pouvez manipuler et démonter avec vos mains. C’est plus qu’une simple superposition, c’est une véritable cohabitation interactive.
la CAVE
La CAVE (Cave Automatic Virtual Environment) est une salle immersive où des images sont projetées sur tous les murs, le sol et parfois même le plafond, créant une immersion à 360 degrés sans casque. C’est un peu le « grand frère » des expériences VR individuelles, idéale pour la collaboration en groupe.Un exemple par ici
La XR : au service de l’efficacité pédagogique, pas un gadget
Maintenant que le vocabulaire est clair, passons à l’essentiel : pourquoi investir dans ces technologies pour la formation professionnelle ? Loin d’être un simple gadget, la XR est un véritable accélérateur pédagogique, offrant des avantages que les méthodes traditionnelles peinent à reproduire.
L'immersion au service de la mémorisation et de la compréhension
Plonger un apprenant dans un environnement réaliste favorise l’acquisition de compétences pratiques et par conséquent permet de développer son employabilité. L’apprentissage expérientiel et incarné, rendu possible par la XR, facilite la mémorisation et la compréhension. Lorsque l’on vit une situation, même virtuelle, l’impact est bien plus fort que de la lire dans un manuel.
Sécurité et répétition illimitée
Formez vos équipes à des gestes techniques dangereux (travail en hauteur, manipulation de machines complexes) ou à des situations de crise (incendie, gestion d’un client agressif) sans aucun risque physique. La XR permet de répéter ces scénarios autant de fois que nécessaire, jusqu’à l’acquisition d’automatismes, un luxe impossible ou trop coûteux dans le monde réel. L’erreur devient une opportunité d’apprentissage, sans conséquences fâcheuses.
Développement des soft skills en conditions réelles
Entraînez vos managers à la gestion de conflits, vos commerciaux à la négociation, ou vos équipes aux entretiens délicats. La VR permet de simuler des interactions humaines complexes avec des avatars ou des personnages non-joueurs (PNJ), offrant un espace sécurisé pour expérimenter et ajuster les comportements.
Accès à des situations rares ou coûteuses
Certains métiers nécessitent une exposition à des environnements ou des équipements spécifiques, souvent inaccessibles. La XR supprime ces barrières. Visitez des usines à l’étranger, opérez sur des machines de pointe, ou entraînez-vous à des procédures d’urgence complexes, le tout depuis une salle de formation.
Feedback immédiat et personnalisé
Les environnements immersifs collectent une multitude de données sur les actions de l’apprenant (direction du regard, temps de réaction, décisions prises). Ces « traces d’apprentissage » permettent un feedback en temps réel et une correction immédiate des erreurs, optimisant ainsi le parcours pédagogique.
Cas d’usage concrets : là où la XR fait la différence
La théorie, c’est bien, mais les exemples, c’est mieux. Voici quelques cas d’usage où la XR démontre concrètement sa plus-value en formation professionnelle :
Formation en langues
Imaginez un apprenant en anglais interagissant avec des personnages virtuels dans un café londonien, commandant un café, posant des questions, et recevant un feedback immédiat sur sa prononciation et sa grammaire. La VR offre un espace sûr pour pratiquer sans la peur du jugement, et l’immersion culturelle renforce l’engagement. Des formations comme celles de Beyond-Words, Mondly VR ou ImmerseMe sont déjà sur le marché et proposent ce type d’expérience.
Développement des soft skills
La Faculté de Droit de l’Institut Catholique de Lille a développé une expérience VR où les étudiants s’entraînent à mener des entretiens avec des clients « sensibles » ou agressifs. Ils doivent gérer leurs émotions, choisir les bonnes réponses face à des situations imprévues, et maintenir leur calme. Les scénarios proposent des niveaux de difficulté croissants, permettant une progression réaliste.
Formation aux gestes métiers et à la sécurité industrielle
Que ce soit pour apprendre à manipuler des outils complexes, réaliser des opérations de maintenance sur des machines, ou simuler des procédures d’urgence, la XR est un atout majeur. Les apprenants peuvent s’exercer en toute sécurité, répéter les gestes jusqu’à la perfection, et commettre des erreurs sans conséquences coûteuses. C’est une solution idéale pour les secteurs de l’industrie, du BTP, ou de la santé.
Intégration et onboarding
Accueillez vos nouveaux collaborateurs dans un environnement immersif pour leur présenter l’entreprise, ses valeurs, ses process, et même les initier à leur poste de travail avant leur premier jour. Cela réduit le stress, accélère l’intégration et renforce l’engagement.
Voici un aperçu rapide des cas où la XR fait vraiment la différence… et ceux où elle est moins pertinente.
Type de situation
Objectif
Pertinence de la XR
Exemples concrets
Apprentissages gestuels / techniques
Apprendre un geste ou une procédure complexe
Très haute (immersion, répétition, sécurisation)
– Montage d’un moteur en mécanique auto (VR)
– Geste chirurgical ou infirmier (VR)
– Sécurité incendie (AR)
Situations à risque ou coûteuses
Former sans danger ni coût logistique
Très haute
– Simulation de conduite d’engin (VR)
– Maintenance en centrale électrique (VR)
– Réaction en cas d’incident industriel (VR)
Immersion linguistique et culturelle
Vivre une langue ou un contexte social/professionnel
Haute
– Simulation d’un entretien client en anglais (VR)
– Visite virtuelle d’un chantier ou restaurant pour FOS (VR)
– Reconnaître des objets métier en situation (AR)
Visualisation de concepts abstraits
Rendre concret ce qui est invisible ou difficile à représenter
Moyenne à haute
– Atomes, molécules (AR)
– Réseaux électriques (AR)
– Systèmes industriels ou anatomiques (AR)
Travail collaboratif spatial
Co-construction ou formation à distance immersive
Haute (en MR/VR collaboratif)
– Réunion virtuelle autour d’un prototype 3D (MR)
– Atelier de co-design pédagogique (VR)
– Formation produit en équipe internationale
Sensibilisation, empathie, inclusion
Développer une compréhension sensible d’une situation
Haute (VR immersive)
– Se mettre à la place d’un patient (VR)
– Expérience de handicap invisible (VR)
– Simulation d’entretien avec un migrant (FOS)
Investir dans la XR : un choix stratégique et pragmatique
La décision d’intégrer la XR dans votre plan de formation ne doit pas être prise à la légère. Il s’agit d’un investissement qui doit être mûrement réfléchi et aligné avec vos objectifs pédagogiques et stratégiques.
Définissez vos besoins et objectifs clairs : Avant d’investir dans la technologie, identifiez précisément les compétences que vous souhaitez développer et les cas d’usage qui apporteront la plus grande valeur ajoutée à votre organisation. Ne sautez pas sur la dernière technologie à la mode sans une analyse préalable rigoureuse.
Commencez petit, testez, puis adaptez : Nul besoin de déployer une solution XR à grande échelle dès le départ. Privilégiez des projets pilotes, évaluez leur pertinence et leur efficacité, et ajustez votre approche en fonction des retours. Des modèles comme l’ADDIE (Analyse, Design, Développement, Implémentation, Évaluation), le CEPAJe (Contexte, Enseignant, Pédagogie, Apprenant, Jeu) ou encore CAMIL (Contexte, Activité, Médiation, Intention, Logique) peuvent vous guider dans cette démarche itérative. Un bon dispositif XR s’inscrit toujours dans une stratégie pédagogique pensée en amont.
Formez vos équipes internes : L’intégration de la XR nécessite une acculturation et une formation de vos responsables formation, de vos équipes RH, et de vos concepteurs pédagogiques. Ils seront les garants de la bonne utilisation et de la pérennité de ces outils.
Mesurez le ROI pédagogique : Au-delà de l’aspect financier, le retour sur investissement de la XR se mesure avant tout en termes d’amélioration des compétences, de réduction des coûts liés aux erreurs, de gain de temps de formation, et d’engagement des apprenants. Mettez en place des indicateurs clairs pour évaluer l’impact réel de ces technologies.
En conclusion, la XR n’est pas qu’une simple tendance technologique, c’est un véritable atout. Pour autant, la XR ne se prête pas à toutes les formations. Son usage doit toujours être réfléchi en fonction du contexte, des objectifs pédagogiques et du public. Elle sera moins pertinente dans des formations purement théoriques ou lorsqu’une simple vidéo ou un tutoriel est plus adapté.
Nous sommes nombreux à avoir vécu cette situation frustrante : un blocage sur un service en ligne comme l’impossibilité de modifier une adresse, de retrouver un mot de passe ou de résilier un abonnement. Rien n’y fait, la FAQ, les recherches sur Google ou le chatbot du site. Impossible de débloquer la situation. Malgré la multiplication des tutoriels et bases de connaissances en ligne, rien ne remplace le soulagement d’entendre une voix humaine pouvant résoudre enfin le problème.
Pourtant, de plus en plus d’entreprises misent sur le Customer Education – c’est-à-dire l’éducation client – pour accompagner leurs utilisateurs. Guides en ligne, tutoriels vidéo, webinaires, FAQ interactives… ces ressources offrent un support en libre-service accessible 24/7. D’ailleurs, un article de Raffle indique que 90% des clients s’attendent à ce que les marques proposent un portail de support en self-service sur Internet.
Quels sont les objectifs de l’éducation client ?
rendre l’utilisateur autonome pour utiliser un service. On pense par exemple à Moodle Academy ou Hubspot Academy qui permettent à l’utilisateur de se former pour profiter au maximum des fonctionnalités de ces outils.
fidéliser la clientèle en renforçant son attachement à la marque et en réduisant le taux d’attrition (churn)1
réduire la charge du support : des clients bien formés résolvent plus de problèmes par eux-mêmes, ce qui allège le service client
Mais former les clients suffit-il à les satisfaire ?
Les usages efficaces de l’éducation client
Onboarding et formation initiale : Au moment d’accueillir un nouveau client, des contenus éducatifs bien pensés font toute la différence. Guides de démarrage rapide, tutoriels de prise en main, modules e-learning initiaux… Ces outils permettent d’accompagner le client pas à pas dans ses premiers usages. C’est par exemple de cas de Salesforce qui propose un parcours d’onboarding gamifié et modulaire, où les utilisateurs progressent via des badges et des parcours personnalisés. L’approche combine texte, vidéo et interactivité, permettant à chacun d’avancer à son rythme tout en découvrant les fonctionnalités clés du produit.
Autonomie au quotidien : Au-delà de l’onboarding, une base de connaissances en libre-service aide les utilisateurs à trouver rapidement des réponses aux questions courantes, sans devoir attendre l’intervention d’un agent. C’est un gain de temps et de confort pour eux comme pour le service client. Pour les soucis simples (paramétrages, questions fréquentes…), beaucoup de clients préfèrent une solution en self-service plutôt que de passer un appel – d’après l’article de Raffle cité plus haut, plus de 60 % des consommateurs américains privilégient une solution digitale autonome pour les demandes basiques plutôt que de parler à un représentant.
Montée en compétence continue : L’éducation client ne s’arrête pas après les débuts. Des webinaires réguliers, des articles de blog instructifs, des sessions de formation avancée sur les nouvelles fonctionnalités et des forums communautaires ainsi que des certifications permettent de maintenir l’engagement des utilisateurs dans la durée. C’est le cas des académies comme Hubspot, Moodle ou Salesforce Trailhead.
Cependant, malgré tous ces atouts, il est crucial de comprendre que l’éducation client a ses limites. Elle ne peut remplacer à 100 % le service client, elle peut montrer des failles et engendrer des frustrations. Voyons pourquoi elle ne remplacera jamais totalement un humain au bout du fil.
Les limites de l’éducation client comme substitut au service client
Tout d’abord, tous les problèmes clients ne peuvent être anticipés. Il existe une infinité de cas d’usage, de situations particulières ou de combinaisons de bugs que même la meilleure base de connaissances ne peut anticiper. Par ailleurs, parfois, la démarche conseillée par la documentation ne fonctionne pas, tout simplement. Soit parce que le client a mal suivi les instructions, soit – et c’est fréquent – parce qu’un bug logiciel ou une panne technique empêche la résolution. Dans ces moments, le client peut passer des heures à appliquer des tutoriels « à la lettre » sans succès. La différence avec un humain, c’est que ce dernier pourra identifier qu’il y a un bug ou une contrainte externe, et agir en conséquence (escalader le problème aux développeurs, proposer une solution manuelle de contournement, etc.).
La dimension humaine reste cruciale car les clients ont besoin de réassurance et d’empathie, c’est ce qui ressort de l’ article d’Apizee qui évoque les frustrations liées aux « doom loops » : les clients passent de bases de connaissances en chatbots sans avoir de contact avec un humain, ce qui engendre de la fruxtration et finalement, une baisse de la fidélité. Enfin, au delà de l’écoute et de l’empathie dont peut faire preuve un être humain, il y a la question de la confiance. Lire un article pour résilier un abonnement et ne pas y parvenir puis tenter d’obtenir une réponse d’un chatbot qui renvoi un message de prise en compte…du message donne carrément envie de fuir (mais non, on n’a pas réussi à résilier l’abonnement !).
Au contraire, un échange humain renforce la confiance : la capacité à personnaliser la réponse et à dialoguer fait que le client se sent entendu et important.
Conclusion
Au final, l’éducation client peut être très utile, lorsque son contenu est à jour, et peut faire gagner beaucoup de temps au client. Mais se reposer uniquement sur des contenus et des échanges asynchrones, fait courir les risques de créer des frustrations, de perdre la confiance de l’utilisateur ou de le mettre en colère. Comme pour la formation, la possibilité d’avoir des échanges synchrones avec des humains reste indispensable . L’éducation client et l’automatisation ne peuvent remplacer le service client. Pour une expérience client réussie, il faut allier les deux approches.
Le taux d’attrition* est, au cours d’une période donnée, la proportion de clients perdus ou ayant changé de produit et service de la même entreprise. Ce terme est principalement utilisé dans les secteurs des télécommunications et bancaire, notamment autour de la fidélisation aux offres, mesurée par le taux de fidélité. (source Wikipedia) ↩︎
Le développement de l’enseignement des langues et notamment sur objectif spécifique (qui consiste à proposer des cours de langue adaptés aux besoins spécifiques tels que l’anglais pour une équipe d’architectes travaillant sur un projet international ou encore le français pour des infirmiers devant exercer à l’hôpital public) exige un engagement considérable en termes de temps et d’effort de la part du formateur/concepteur. Que ce soit dans le cadre de formations initiales introduisant des cours en langue étrangère dans les écoles et les universités, ou dans le contexte de la formation professionnelle continue, il est impératif que l’acquisition de la langue réponde aux besoins spécifiques des apprenants. Cela favorise leur engagement et leur capacité à appliquer rapidement leurs connaissances en situation professionnelle ou académique. Mais cela reste une activité qui demande beaucoup de temps pour la collecte de documents authentiques, leur analyse et leur transformation en outils pédagogiques.
Cependant, le développement rapide de l’intelligence artificielle, notamment des chatbots et des LLM comme Chat GPT, offre une opportunité de repenser la conception des cours de langue. Des outils tels que Chat GPT, BARD, et magicschool.ai ont inauguré une nouvelle ère permettant d’améliorer les expériences d’apprentissage. De la création de parcours d’apprentissage personnalisés à la mise en place d’évaluations de compétences spécifiques, l’utilisation de l’IA présente de nombreux avantages, mais laisse encore la part belle à la créativité et à l’esprit critique du formateur.
Par exemple, un prompt bien formulé sur Chat GPT nous permet d’obtenir une analyse linguistique d’un texte : champs lexicaux, liste des temps verbaux, actes de langage, ton du texte, etc… Autant d’informations que le formateur en langue pourra réutiliser pour concevoir des activités sur ce texte.
L’outil Magicschool est quant à lui conçu pour faciliter le travail des enseignants, tant dans la conception des cours, que l’évaluation et le suivi des apprenants. Cet outil peut être utilisé quelque soit la discipline enseignée, mais j’évalue ici l’intérêt de cette application dans le domaine de l’enseignement des langues. Pour avoir une illustration détaillée des tests réalisés dans le cadre de la conception d’une séance de FLE de niveau B1-B2 vous pouvez consulter la formation gratuite que j’ai réalisée ici.
La démarche a consisté à tester certaines fonctionnalités (déjà nombreuses) de Magicschool afin d’élaborer des activités de compréhension orale, compréhension écrite, expression orale et expression écrite. J’ai aussi pu élaborer des évaluations et des grilles critériées d’évaluation pour les jeux de rôle. Les outils de Magicschool permettent de créer des quiz, des listes de vocabulaire avec leur définition, des questions de compréhension ou encore des suggestions de devoirs résistant à l’IA. Mais l’outil qui a le plus retenu mon attention en tant que formatrice de FLE est le générateur de questions vidéo youtube. En effet, à partir d’une url de vidéo, l’outil propose des questions (QCM, vrai/faux ou réponses libres) sur le contenu de la vidéo, ce qui permet de gagner un temps considérable sur la conception d’une activité chronophage. L’outil apparait donc particulièrement intéressant et prometteur pour la conception de cours de langue sur mesure même s’il présente des limites.
En effet, certaines questions posées ne sont pas forcément pertinentes dans le cadre de l’acquisition des langues. Certaines réponses proposées aux questions sont erronées. Enfin, dans le cadre de l’enseignement d’une langue sur objectif spécifique, l’outil ne dispense pas d’une réelle analyse du besoin et par conséquent de la collecte de documents et de l’acquisition de connaissances sur le domaine professionnel ou scientifique afin de proposer des activités et des supports pertinents aux apprenants.
Une autre question se pose, c’est celle de la formation des enseignants à l’utilisation de ces outils afin d’en faire une utilisation efficace dans leur travail. Formation aux outils numériques allant de pair avec le développement de l’esprit critique et de la créativité ainsi que de l’expertise dans un domaine professionnel ou scientifique.
En conclusion, L’intelligence artificielle se présente comme un outil qui vient soutenir la conception de cours de langue, ouvrant de nouvelles perspectives aux formateurs et accélérant la préparation des cours. En intégrant ces avancées technologiques à l’interaction humaine, cela permet aux enseignants d’enrichir la diversité des cours. Cette synergie entre l’IA et l’implication humaine peut créer un environnement d’apprentissage dynamique et efficace pour l’acquisition des langues.
Aujourd’hui, les opportunités pour se former en utilisant une langue étrangère sont nombreuses et variées. Que ce soit à travers le Programme Erasmus+ en Europe, les programmes en anglais proposés par les universités et les Grandes Écoles, les partenariats internationaux permettant la mobilité des étudiants, ou encore les plateformes de formation en ligne telles que Future Learn en anglais, Fun Mooc en français ou Xuetangx en chinois, l’apprentissage en langue étrangère est à portée de main pour ceux qui le désirent.
Pourquoi étudier ou se former dans une langue étrangère?
Les motivations qui amènent à suivre une formation en langue étrangère sont diverses. Elles peuvent inclure le désir de progresser dans la langue cible, de suivre son conjoint ou sa famille dans un pays étranger et pouvoir y travailler. Ce peut être aussi l’intérêt intrinsèque pour la langue elle-même.
L’attrait pour le contenu spécifique des cours dispensés dans la langue cible est également un moteur assez puissant, comme par exemple s’inscrire à l’atelier des Chefs pour suivre les cours du CAP pâtissier en ligne quand on est américain, qu’on vit à New York et qu’on souhaite maîtriser les techniques culinaires françaises.
L’obtention de certifications de formation dans une langue étrangère offre également des opportunités professionnelles dans des entreprises internationales.
La volonté de vivre une expérience à l’étranger, ou encore la recherche d’un diplôme d’une université prestigieuse sont encore des moteurs incitant à entrer dans une formation en langue étrangère.
Des défis à surmonter
Qu’il s’agisse de développement personnel ou professionnel, il n’a jamais été aussi accessible de se former dans une langue étrangère.Cependant, se former dans une langue étrangère peut également présenter des défis significatifs.
Tout d’abord, il est nécessaire d’atteindre un niveau minimal de compétence linguistique, qui peut varier selon le programme (au minimum un niveau B1 et B2 dans la plupart des cas). Par ailleurs, il faut ajouter à la maîtrise de la langue l’acquisition et la compréhension de subtilités culturelles qui peuvent, par exemple, avoir une incidence sur les attendus lors des évaluations.
Ensuite, il faut accepter le fait que l’apprentissage et la progression seront généralement plus lents que dans sa langue maternelle, en fonction du niveau de maîtrise de la langue cible et des connaissances dans le domaine d’étude. En outre, la rédaction et la préparation de présentations orales dans la langue étrangère demanderont également plus de temps et d’efforts.
Enfin, dans le cadre d’un séjour à l’étranger, l’apprenant peut parfois se sentir isolé s’il a du mal à communiquer avec ses pairs locaux ou s’il se sent exclu en raison de la barrière linguistique.
Et des stratégies à mettre en place
Pour réussir dans cette entreprise ambitieuse, plusieurs stratégies peuvent être mises en place. Je vous livre ici 8 conseils.
En combinant ces conseils avec une approche disciplinée et en cultivant votre motivation vous pouvez maximiser votre succès lors de votre formation dans une langue étrangère. Chacune de ces stratégies peut contribuer à renforcer vos compétences linguistiques et à faciliter votre adaptation à un environnement d’apprentissage en langue étrangère.
l’approche actionnelle est définie par le Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues. Elle considère l’apprenant d’une langue comme un acteur social devant accomplir des tâches (qui ne sont pas seulement langagières) dans des circonstances et un environnement donnés, à l’intérieur d’un domaine d’action particulier.
Il est alors pertinent d’utiliser cette approche pour créer des cours de langue sur objectif spécifique (LOS) car elle implique de proposer des activités immergeant l’apprenant dans des situations au plus proche de la réalité qu’il va vivre.
Dans un article précédent, nous avons exploré la définition des objectifs opérationnels et des objectifs pédagogiques dans le cadre de l’enseignement de la langue sur objectif spécifique (LOS).
Aujourd’hui, nous allons nous concentrer sur les activités que le formateur peut mettre en œuvre pour atteindre ces objectifs, en utilisant des méthodes telles que la pédagogie par projet, l’approche par problème et la simulation globale.
La pédagogie par projet
La pédagogie par projet permet aux apprenants de travailler sur des projets concrets qui reflètent les situations réalistes qu’ils rencontreront dans leur domaine professionnel. Voici comment vous pouvez l’appliquer :
– Identifier un Projet Réaliste : Choisissez un projet qui reflète les besoins et les intérêts de vos apprenants, et qui est en lien direct avec leur domaine professionnel.
– Définir les Rôles et les Responsabilités : Assignez des rôles spécifiques à chaque apprenant, en fonction de leurs compétences et de leurs intérêts.
– Intégrer les Compétences Linguistiques et Culturelles : Assurez-vous que le projet permette de travailler les compétences linguistiques et culturelles nécessaires.
– Évaluer et Réfléchir : Encouragez les apprenants à réfléchir sur le processus et à évaluer leurs progrès.
Exemple:
Public cible : étudiants en école de commerce ou marketing.
L’approche par problème consiste à présenter aux apprenants un problème concret et à les guider dans le processus de résolution. Voici comment vous pouvez l’appliquer :
– Présenter un Problème Réaliste : Choisissez un problème qui est pertinent pour le domaine professionnel de vos apprenants.
– Guider la Résolution de Problèmes : Encouragez les apprenants à travailler ensemble pour trouver des solutions, en utilisant la langue cible.
– Intégrer les Compétences Linguistiques : Assurez-vous que le processus de résolution de problèmes permette de travailler les compétences linguistiques nécessaires.
La simulation globale est une méthode qui permet aux apprenants de s’immerger dans un environnement simulé qui reflète leur domaine professionnel. Voici comment vous pouvez l’appliquer :
– Créer un Environnement Simulé : Développez un scénario qui reflète les situations réalistes que vos apprenants rencontreront.
– Assigner des Rôles et des Tâches : Donnez à chaque apprenant un rôle spécifique et des tâches à accomplir dans la simulation.
– Intégrer les Compétences Linguistiques et Culturelles : Utilisez la simulation pour travailler les compétences linguistiques et culturelles nécessaires.
La mise en œuvre d’objectifs opérationnels dans le cours de langue sur objectif spécifique nécessite une approche actionnelle et réaliste. En utilisant des méthodes telles que la pédagogie par projet, l’approche par problème et la simulation globale, vous pouvez créer des activités engageantes et pertinentes qui préparent vos apprenants aux situations réelles qu’ils rencontreront dans leur domaine professionnel.
Ces méthodes encouragent non seulement l’apprentissage actif et collaboratif, mais elles permettent également d’intégrer les compétences linguistiques et culturelles de manière significative et contextuelle. En tant que formateur, votre rôle est de guider vos apprenants à travers ces activités, en veillant à ce qu’ils atteignent les objectifs opérationnels et pédagogiques définis.
Qu’il s’agisse de cours de français sur objectif, de français de spécialité ou encore de travailler sur le développement de compétences interculturelles, l’analyse de l’activité, des tâches et des comportements, en amont de la conception des parcours de formation, est fondamentale.
En effet, le contenu ne pourra être pertinent et les résultats de l’apprentissage opérationnels que s’ils répondent aux besoins spécifiques des apprenants dans le contexte de leur exercice professionnel.
Pour analyser l’activité, les tâches et les comportements à adopter dans une situation de travail particulière, plusieurs approches s’offrent à l’ingénieur pédagogique.
Tout d’abord, les entretiens avec les futurs apprenants peuvent porter sur la thématique : la mécanique, la chirurgie, la cuisine, la finance, etc… Cette approche permet essentiellement à l’ingénieur pédagogique ou au concepteur de formation de prendre connaissance du domaine professionnel de l’apprenant, dont il est souvent éloigné, qui lui est peut-être inconnu.
Une seconde approche est l’analyse procédurale. Il s’agit ici d’identifier les tâches et étapes nécessaires à la réalisation de celles-ci. Cette analyse permet de prendre connaissance de ce que fait l’apprenant, des différentes étapes, des compétences nécessaires pour réaliser les actions.
Cependant, si ces deux premières approches sont essentielles à la collecte d’informations et de matériel pour la conception de parcours pédagogiques, Elles sont insuffisantes pour comprendre ce qui se joue au niveau des représentations, des attitudes déterminées culturellement et des comportements.
La méthode des incidents critiques apporte alors une technique permettant aux ingénieurs pédagogiques d’appréhender la dimension comportementale, mais elle est aussi transposable au niveau de l’animation de formation. A ce niveau, elle permet aux apprenants de prendre conscience des différences culturelles pouvant être à l’origine de conflits (exprimés ou non), des attitudes adoptées face à un problème, en situation de travail, dans le but de proposer des solutions de manière individuelle ou collective.
Cette méthode a tout d’abord été décrite par John C. Flanagan en 1954 dans le Psychological Bulletin. Elle a, en premier lieu, été utilisée pour comprendre les facteurs de risques associés à une situation de travail, ou encore les exigences d’une fonction, afin de proposer des mesures correctives. Par la suite, elle a évolué vers une démarche permettant d’améliorer la compréhension de constructions psychosociales issues de l’expérience de différents acteurs. Ainsi, elle a pu être employée lors de formations interculturelles, de formations de gestion, de formations à la gestion du stress, et elle a également été utilisée dans les domaines du marketing, de la relation client ou du recrutement.
Pour ce qui est des formations, cette méthode est particulièrement adaptée au travail de groupe car elle permet de confronter les croyances et représentations de chaque individu dans le cadre d’une démarche réflexive. Au-delà, la méthode peut conduire à la co-construction de nouveaux référentiels et de nouvelles compétences.
Comment créer une séquence pédagogique à partir de cette méthode?
La séquence présentée ci-dessous vise à illustrer les étapes clés de la méthode des incidents critiques.
Cette séquence vise à développer des compétences interculturelles chez des médecins étrangers intervenant en secteur hospitalier. Afin de mettre en place cette séquence, nous avons choisi de partir d’un document déclencheur, une vidéo pédagogique diffusée sur la chaîne Youtube de la Haute Autorité de Santé : annonce d’un dommage associé aux soins, disponible à l’adresse suivante : https://youtu.be/UOs9XyCFkcA .
La situation choisie est par conséquent volontairement problématique et vise à travailler sur la dimension éthique de la communication, les valeurs telles que la transparence et la coopération ainsi que l’empathie.
La méthode des incidents critiques apparaît tout d’abord utile pour comprendre les comportements professionnels, les attitudes et les agir, dans une situation donnée. Dans le cadre de formations professionnelles, elle apporte une démarche dont l’objectif est de modifier les pratiques, en proposant un développement de la réflexion des apprenants sur leurs représentations, leurs ressentis, leurs pratiques et leurs façons de penser. Dans le cadre de la didactique des langues, cette méthode permet d’amener l’apprenant à prendre du recul sur ses représentations, ses valeurs, ses façons d’agir afin de mettre en place des stratégies d’adaptation aux nouvelles situations culturelles auxquelles il est confronté.
article publié le 5 décembre 2020 et modifié le 18 octobre 2022
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