
Cette semaine, j’ai accompagné plusieurs apprenants en FLE. Tous avaient un niveau similaire et des objectifs proches. Pourtant, les cours que j’ai animés n’avaient rien à voir les uns avec les autres. Pour certains, j’ai privilégié un travail structuré sur la grammaire ; pour d’autres, nous avons construit la séance autour de la conversation et de l’auto-correction. Les uns avaient besoin d’être rassurés par des explications claires, les autres cherchaient au contraire le challenge et la mise en situation.
Ce constat du terrain me conforte dans une idée simple : il n’existe pas une méthode universelle, mais une négociation pédagogique entre l’apprenant et le formateur pour trouver la bonne approche, au bon moment.
Des attentes souvent contrastées
Les apprenants ne forment pas un bloc homogène, même à niveau équivalent.
- Certains réclament avant tout des règles de grammaire précises, un cours structuré selon une routine immuable.
- D’autres préfèrent pratiquer la langue à l’oral, sans se soucier des structures.
Or, ni la grammaire seule ni la conversation isolée ne suffisent. La grammaire, sans mise en pratique, ne fait pas parler. Et une discussion sans feedback ni apport nouveau n’amène pas de réelle progression.
Soutien ou challenge : trouver le bon dosage
Au-delà des préférences, les apprenants n’ont pas tous le même rapport à la difficulté.
- Certains ont besoin d’étayages clairs, d’un guidage serré et d’une progression sécurisante pour oser se lancer.
- D’autres, au contraire, s’épanouissent dans la difficulté et recherchent le défi comme moteur de motivation.
Le rôle du formateur est d’observer, d’écouter et d’ajuster en permanence pour trouver le bon dosage entre sécurité et challenge.
Négocier l’approche pédagogique
Cet ajustement n’est pas une décision unilatérale du formateur. Il gagne à être discuté avec l’apprenant. Expliquer les choix, écouter ses préférences et tester différentes modalités, c’est entrer dans une véritable négociation pédagogique.

Oui, depuis quelques années je porte des lunettes.
Cette démarche a deux effets majeurs :
- Elle renforce la relation de confiance et l’engagement de l’apprenant.
- Elle favorise une approche métacognitive : l’apprenant réfléchit à sa manière d’apprendre, identifie les stratégies qui lui réussissent et devient plus autonome.
Apprendre à apprendre, ensemble
La diversité pédagogique n’est donc pas seulement une question de méthodes à disposition. C’est une dynamique relationnelle : on apprend ensemble. L’apprenant progresse dans la langue, et en même temps développe sa capacité à apprendre à apprendre.
La question n’est donc pas : quelle est la meilleure méthode ?
Mais bien : comment négocier, ici et maintenant, l’approche pédagogique la plus pertinente avec cet apprenant précis ?
Approche qui pourra bien sûr évoluer dans le temps…
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