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comparaison entre ce qui se passe pendant le cours de langue et le besoin réel de l'apprenant
décalage entre le besoin analysé pour le cours et le besoin réel au travail

Les actions de formation professionnelle sont essentielles pour aider une organisation ou un individu à atteindre ses objectifs, en comblant les écarts de compétences. 

Ce qui se passe le plus souvent

En langue, qu’il s’agisse de formations individuelles ou collectives, il y a toujours évaluation du niveau en amont de la formation. Ce test de positionnement, qui peut être automatisé ou non, peut faire intervenir un enseignant ou prendre la forme d’une auto-évaluation. 

Le résultat du test de positionnement permettra de situer le niveau de maîtrise de la langue sur l’échelle proposée par le CECRL de débutant complet A0 à C2, utilisateur expérimenté.

La suite : une proposition de formation avec un programme correspondant aux compétences listées dans le CECRL en fonction du niveau de l’apprenant. Le nombre d’heures de formation, lui, dépend, du budget que peut allouer le service formation ou de la prise en charge de l’OPCO.

Le résultat : une formation de langue générale, plus ludique que les cours d’anglais de 4ème (mais pas sûr) et l’opportunité de pratiquer à l’oral en petits groupes ou en individuel. 

Cependant, quels liens pourra faire l’apprenant entre sa formation et son quotidien au travail (à part saluer au pied de l’ascenseur)? Combien de temps lui faudra-t-il pour utiliser la langue de manière opérationnelle? Osera-t-il le faire en dehors de la classe?

L’écart entre le cours de langue standardisé et les besoins spécifiques de l’apprenant nous amène à poser la question de la construction de la réponse apportée à ce besoin. 

Un des leviers à actionner se trouve au niveau de l’analyse du besoin. En quoi  est-elle si importante?  Quels sont les impacts sur la construction du déroulé de la formation?

Un ou des besoins spécifiques?

Besoin de communiquer

Le premier besoin exprimé est celui de la commande, l’apprenant ou le groupe d’apprenants devront être capables de s’exprimer dans la langue cible. Cependant, selon le contexte, des besoins de communication particuliers vont émerger.

Le lexique

C’est la première chose à laquelle on pense lorsqu’il s’agit de s’exprimer en langue étrangère dans un contexte particulier. Qu’il s’agisse de musique, de médecine ou de droit, chaque univers professionnel possède une terminologie qui lui est propre. Cependant, apprendre des listes de vocabulaire n’est pas suffisant.

La culture

Là encore, cela semble évident: les rituels de négociation varient selon les pays. Les horaires de bureau sont différents en France et en Norvège. Le management américain ne peut pas être transposé dans tous les pays du monde. 

Chaque culture possède des caractéristiques spécifiques. C’est également vrai pour le milieu professionnel. La culture de la restauration est très différente de celle du milieu hospitalier. Les rapports hiérarchiques, la façon de communiquer vont varier d’un environnement à un autre.

Les canaux de communication et l’environnement

Rédiger des mails de relance, animer une réunion, échanger avec les collègues d’une manière informelle à la cafétéria … Nous changeons de posture, de niveau de langue, tout au long d’une journée de travail. Nous construisons notre discours de manière différente en fonction du canal de communication et de l’environnement.


Ces besoins sont des besoins linguistiques et socioculturels. Ils impliquent pour le concepteur du cours de collecter des données sur le métier, les discours, les pratiques et les activités de l’apprenant.


Besoins pédagogiques

Mais comment l’apprenant va-t-il s’approprier la langue? Comment apprend-il? Quels sont les moyens mis à sa disposition?

La collecte de données concernant l’apprenant et son environnement d’apprentissage est fondamentale car ces indications permettront de faire des prédictions.  Il sera possible d’anticiper le temps nécessaire à sa progression, d’élaborer les solutions à mettre en œuvre en cas de difficultés.

Les représentations de l’apprenant sur son apprentissage

De nombreux apprenants arrivent en formation avec leur représentation d’un “bon cours de langue”. Cela est lié à leur histoire, et ils reproduisent souvent ce qu’ils ont vécu. Ils demandent par exemple des cours de grammaire parce que dans leur expérience, l’apprentissage de la grammaire était au centre. Prendre en compte ces représentations permet d’aborder la question du besoin pédagogique et de proposer d’autres approches à l’apprenant.

Les conditions d’apprentissage

Combien de temps pourra-t-il consacrer à l’apprentissage? 

Le lieu, un bureau isolé ou un open space peuvent être pour le premier un avantage, pour le second un frein à son apprentissage, en fonction de la modalité pédagogique choisie. 

L’apprentissage aura-t-il lieu en présentiel ou en ligne?

La question du handicap

Des difficultés spécifiques, comme la dyslexie, doivent être prises en compte pour la préparation du programme.


Les besoins pédagogiques vont influer directement sur la conception du programme de formation et les choix pédagogiques.


besoins et motivation 

La dernière catégorie de besoin  est le besoin ressenti par l’apprenant concernant la formation en langue. Quelle place occupe cette formation? S’agit-il d’un besoin essentiel pour la carrière de l’apprenant? L’apprentissage de la  langue est-il un moyen de manifester sa motivation auprès d’un management étranger?

La question de la motivation est, de mon point de vue, la plus importante et la plus délicate. 

Lorsque j’interroge les étudiants sur leur besoin, il correspond toujours, dans un premier temps, à la commande de l’entreprise. Le besoin exprimé pourrait même être qualifié de normatif. Il faut parler français parce que je travaille dans une entreprise française. J’ai besoin du français pour obtenir la nationalité française.

Mais après quelques questions, les frustrations, les lacunes, les manques ressentis ressortent car l’apprenant ne comprend pas les sous-entendus lors des échanges informels Ce peut aussi être  une passion tout à fait personnelle, la pâtisserie, par exemple, qui amène l’apprenant à s’intéresser au fonctionnement de la langue étrangère. 


L’analyse des  besoins doit être mise en lien avec les raisons profondes qui motivent l’apprenant. Ces dernières sont importantes à prendre en compte car elles ont un rôle à jouer dans les choix pédagogiques et la construction des séances de formation. 

S’interroger sur la façon dont l’apprenant apprend, ce qui le rassure, ses motivations amène à enrichir l’accompagnement, à choisir un style d’animation ou une modalité pédagogique particulière.


En guise de conclusion

L’analyse du besoin vient compléter le test de niveau de langue à l’entrée en formation et permet d’individualiser le parcours de formation.

Cette analyse va permettre de collecter des données pour l’élaboration du contenu (le lexique spécifique à un domaine professionnel par exemple), mais également pour la conception du programme et le choix des modalités pédagogiques. Enfin, l’analyse du besoin va apporter des indications essentielles pour l’accompagnement et l’animation des séances de formation. 

Sources bibliographiques :

Long, M. (2005), Second language Needs Analysis, Cambridge, CUP

Mangiante, J.-M., Parpette Ch (2004) Le français sur Objectif spécifique : de l’analyse des besoins à l’élaboration du cours, Paris, Hachette

Mourlhon-Dalliès, F (2008) Enseigner une langue à des fins professionnelles, Paris, Didier