
Pédagogie et gestion des talents : comment les compétences de formateur en langue peuvent être transférées aux ressources humaines et vice-versa

Lors d’un précédent article, j’avais abordé les compétences clés du formateur en langue. Aujourd’hui, je me penche sur ces compétences à travers le prisme des virages, transitions et tournants que j’ai empruntés dans mon parcours professionnel, notamment entre la formation en FLE et le domaine des ressources humaines, ainsi que ceux que j’ai observés chez les étudiants que j’accompagne dans leur démarche de reconversion entre deux univers.
Les compétences acquises dans l’enseignement d’une langue étrangère peuvent sembler spécifiques, centrées sur la didactique et la linguistique. Toutefois, en y regardant de plus près, on découvre une multitude d’habiletés et de connaissances parfaitement transposables au domaine des ressources humaines (RH). Et l’inverse est tout aussi vrai. J’explore, dans cet article, les passerelles entre ces deux domaines a priori éloignés.
Gestion des emplois et des parcours professionnels (GEPP) et analyse des activités et compétences
L’enseignement d’une langue dans un cadre professionnel implique une approche sur objectif spécifique qui cible des compétences linguistiques particulières en fonction des besoins professionnels ou sectoriels précis de l’apprenant. Cette spécialisation requiert du formateur une fine analyse des métiers et des compétences associées. Par exemple, enseigner le français à un ingénieur n’est pas la même chose qu’à un médecin ou à un avocat. Chaque profession possède son discours, son jargon et sa culture. Le travail du formateur en langue consiste dans un premier temps à analyser l’activité, les compétences à l’œuvre dans un contexte donné en prenant en compte la culture d’entreprise pour fournir un parcours de formation adapté.


Dans le monde des RH, une compréhension précise des métiers et des compétences est tout aussi cruciale. Cela permet non seulement d’identifier les besoins en formation, mais aussi d’aligner les ressources humaines avec la stratégie globale de l’entreprise. Le formateur en langue, avec son expérience en analyse des besoins spécifiques de chaque métier, peut donc transposer son expertise aux RH. Il peut aider à décrypter les compétences clés, à concevoir des formations adaptées et à anticiper les besoins futurs en compétences de l’entreprise.
Ingénierie pédagogique
- Conception de cours : Forts de leur expérience en élaboration de programmes de formation, les professionnels RH peuvent aisément concevoir des cursus en langue structurés et efficaces, centrés sur les besoins réels des apprenants. De même, les formateurs en langue peuvent utiliser leurs compétences ingénierie pédagogique pour élaborer des parcours de formation professionnelle répondant aux besoins d’une entreprise.
- Animation de formation et gestion des groupes : Les habiletés de communication développées par le RH lui permettent d’animer une session de le cours de langue de manière engageante, en favorisant l’interaction et l’expression de chacun.
- Évaluation et suivi : La gestion des performances et le suivi de l’évolution des compétences propres au RH trouvent un écho dans les systèmes d’évaluation mis en place par les formateurs en langue qui ont l’habitude d’utiliser des descripteurs précis permettant de mesure l’atteinte des objectifs d’une formation.
Communication
Les deux métiers nécessitent de communiquer clairement et efficacement afin de réduire au maximum l’incompréhension et le malentendu. C’est par exemple, pour le formateur en langue, expliquer des gestes non verbaux comme le hochement de la tête qui n’a pas la même signification en Grèce et en France ou les particularités de la communication d’un médecin avec son patient à des internes étrangers en France. C’est transmettre des informations complexes et spécifiques comme l’explication de la lecture d’une fiche de paie en RH.
Conduite du changement
La conduite du changement est un art délicat, que ce soit en salle de classe ou au sein d’une organisation. Les formateurs en langue sont rompus à l’art de guider les apprenants à travers des transformations profondes de leurs habitudes linguistiques et de leurs perspectives culturelles. C’est notamment le cas des formations en langue d’intégration qui visent non seulement l’acquisition de connaissances linguistiques et culturelles mais également l’adhésion aux valeurs du pays d’accueil. Les formateurs établissent alors des objectifs clairs, anticipent les résistances, soutiennent les étapes de progression et célèbrent les réussites. D’une manière similaire, les professionnels des RH orchestrant une conduite du changement doivent tracer une vision, gérer les réticences, assurer un suivi continu et reconnaître les efforts. Dans les deux cas, la capacité à écouter activement, à communiquer efficacement et à instaurer un climat de confiance est primordiale.
Conclusion

Loin d’être cloisonnés dans leurs domaines respectifs, le formateur en langue et le professionnel RH possèdent un ensemble de compétences qui, une fois croisées, offrent une multitude de possibilités. Qu’il s’agisse d’analyser des compétences, de concevoir des programmes de formation, de communiquer efficacement ou de gérer le changement, les compétences acquises dans l’un de ces domaines peuvent être précieusement appliquées à l’autre. Lors des transitions professionnelles, il est essentiel d’évaluer les compétences transférables, car elles constituent des atouts majeurs pour la réussite d’un projet de reconversion.
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